Gulliet à Lyon

Des cloches d’église, datées entre 1851 et 1884, signées CLAUDE GULLIET A LYON, GULLIET PERE ET FILS A LYON, GULLIET FILS A LYON, ainsi qu’un catalogue, nous ont incités à rechercher l’histoire de ces fondeurs qui ont aussi réalisé des sonnailles et des sonnettes.

Claude Gulliet, fils d’agriculteur, né à Saint-Chef en Isère en 1806, est qualifié de fondeur en cuivre lors de son mariage en février 1835 à Lyon. Il réside 6, rue du Rempart d’Ainay, Lyon 2e. Il travaille probablement pour un patron et a pu se former chez plusieurs fondeurs de cloches lyonnais actifs dans la première moitié du XIXe siècle, Chevalier, Burdin ou Morel parmi les plus productifs.

En décembre 1835, à la naissance de son fils Pierre, il déclare habiter place Louis XVIII, renommée tout au long du XIXe siècle, aujourd’hui Place Carnot.

En juillet 1838, à la naissance de son fils Gabriel, il réside à nouveau rue du Rempart d’Ainay, au N°10 ; à la même adresse en 1841, à la naissance de sa fille Marie, il est limonadier (est-ce une erreur ?).

En août 1844, à la naissance de son fils Jean-Claude-Napoléon (merci papa pour les prénoms !) il est fondeur en métaux et habite au 17, rue de Penthièvre, Lyon 2e, côté Rhône de cette rue située de part et d’autre de la place Carnot, entre Rhône et Saône. On retrouve la même adresse en 1847 à la naissance de sa fille Marie-Joséphine.

En 1861, lors du mariage de Marie Gulliet, quatrième enfant, la famille est installée 23, rue de Penthièvre, sans doute une renumérotation de la rue.

Cette partie de la rue a été renommée rue Duhamel en 1863 ; la nouvelle adresse de l’entreprise et de l’habitation deviendra 9, rue Duhamel, sans qu’il y ait eu de déménagement.

Claude Gulliet réalise des cloches à partir de 1851.

Son fils Pierre est qualifié de fondeur en cuivre en 1861, lors du mariage de Marie. Néanmoins, on retrouve sans logique les professions de négociant et de fondeur en cuivre dans les actes concernant autant le père que le fils.

Claude s’associe avec son fils Pierre à partir de 1865, si on se réfère aux cloches réalisées. L’entreprise s’appelle alors GULLIET PÈRE ET FILS.

Claude Gulliet décède en 1875. Le catalogue qui intitule l’entreprise ANCIENNE MAISON GULLIET PERE ET FILS, FONDERIE DE BRONZE & DE CUIVRE, GULLIET FILS est donc postérieur à cette date. 

Pierre décède en 1881. Plusieurs cloches réalisées sous la direction de sa veuve Marie Souchois ont été réalisées en 1882 et 1884. Une facture du successeur intitule l’entreprise Vve. GULLIET FILS.

En 1885, l’entreprise est reprise par Charles Arragon, ingénieur des Arts et Manufactures. Il rappelle ses prédecesseurs dans l’intitulé de l’entreprise : ANCIENNES MAISONS C. GULLIET & Vve GULLIET FILS. Charles ARRAGON SUCCESSEUR. Il s’attribue leur médaille de bronze reçue en 1872 à l‘Exposition Universelle de Lyon.

Le nom de GUILLET, relevé sur une cloche ainsi que dans une publicité parue dans l‘Annuaire Didot-Bottin de 1894, pourrait laisser supposer l’existence d’un autre fondeur de cloches, d’autant plus qu’il existe un fondeur de Lyon, nommé GUILLET, aussi originaire de Saint-Chef. Mais l’adresse indiquée sur la publicité, 9 rue Duhamel, semble clore le débat. Ce document révèle aussi l’achat de l’entreprise d’Oronce Reynaud (1817-1888), originaire de l’Isère, né et enterré à Bizonnes, « fondeur de la papauté » selon son épigraphie, lui-même successeur de Gédéon Morel en 1869.

La dernière cloche connue de Charles Arragon est fondue à Goudargues (Gard) en 1905.

Il décède le 2 mars 1907, 16, chemin de la Mouche à Lyon 3e. L’office religieux est célébré en l’église Saint-Louis à Lyon. Il est inhumé à Pont-de- Beauvoisin (Isère).

Sa tombe ne rappelle pas sa qualité de fondeur, mais « Ingénieur, Chevalier de l’ordre de Léon XIII ». Il n’a pas eu de successeur.

Charles Arragon mentionne sa distinction de Chevalier de Léon XIII dans l’épigraphie des cloches qu’il produit. L’Association de Secours Mutuelle des Chevaliers Pontificaux a été créée en 1890 par le vicomte de Poli, ancien zouave pontifical. Elle regroupait d’anciens zouaves de Pie IX afin de se préoccuper de leur sort. Elle devient la Noble Association des Chevaliers Pontificaux pour rassembler, dans un esprit de charité, d’assistance mutuelle et d’immuable fidélité à la Papauté, de nombreux serviteurs catholiques français ayant reçu une décoration pontificale. Charles Arragon doit son appartenance à sa qualité de fondeur de cloches.

A sa cessation d’activité, Charles Arragon vend l’entreprise aux garagistes et fabricants de voitures Claude Ailloud et Francisque Dumond en 1906. De nombreuses cartes postales nous permettent de découvrir l’intérieur des batiments du 9, rue Duhamel (ancienne rue de Penthièvre) où Claude Gulliet était déjà installé en 1844.

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