Fondeurs d’Avignon

De nombreuses clochettes et sonneaux en provenance de fondeurs avignonnais circulent entre les collectionneurs. L’histoire de ces artisans est difficile à établir. L’ouvrage de Jean-Pierre Locci Fonderies & fondeurs Histoire des établissements métallurgiques en vaucluse aux XIXe et XXe siècles, fournit une bonne documentation sur les établissements Perre et Perre-Pierron. Ancien archiviste, l’auteur nous a expliqué que les petites fabriques n’ont pas laissé de documents.
Les dates et les emplacements des cloches proviennent de la base RECIF de la SFC.

Vincent-Pierre Perre (2 mars 1763 à Beaucaire – 22 mai 1827 à Avignon)

Malheureux en amour, Vincent-Pierre Perre (appelé Vincent) est veuf d’un premier mariage contracté à Beaucaire en 1786 avec Magdeleine Salle et d’une seconde noce avec Marguerite Olivier décédé en 1801.Vincent-Pierre exerce déjà le métier de fondeur à Beaucaire lorsqu’il se marie à Avignon en 1805 avec Dorothée Clémence Desandrée. Il est indiqué fondeur en cuivre dans son acte de mariage puis fondeur de cloches à la naissance de sa fille Anne en 1809. D’après un rapport de l’ingénieur en chef des mines, en 1819, l’atelier de Vincent Perre situé à la porte de l’Oulle et adossé aux remparts, mesure 7 m sur 4,50 m. Il ne dispose pas de la force hydraulique et les soufflets sont activés manuellement. Il réalise 4000 douzaines de grelots par année. Un moulin actionné par deux hommes polit 30 douzaines de grelots à la fois.

En 1870, Anne Perre qui a succédé à son père et sa mère Dorothée-Clémence continue avec six ouvriers à fabriquer des cloches et des grelots jusqu’à son décès le 5 mars 1882. Les héritiers ont dispersé tout le matériel et les biens dans une vente aux enchères.

Les sonnailles sont signées V.PERRE A AVIGNON


Perre-Pierron

Les unions entre les familles Perre et Pierron sont nombreuses et consanguines. Etienne Claude Pierron, aubergiste, marie sa fille Marie Victoire Pierron à Joseph-Pierre Perre. Antoine-Narcisse Pierron se marie avec sa nièce Alix Perre (fille de sa soeur Marie Victoire). Leur fille Marie Rose se marie avec le fils de Joseph Hypollite (frère de sa mère) donc son cousin.

Récapitulons parmi les fondeurs :

Joseph-Pierre né en 1770, frère de Vincent, épouse en 1791 Marie-Victoire Pierron fille de l’aubergiste Etienne Pierron (mort en 1790) et Catherine-Alix Bongard (décès en 1830) qui tient l’Hôtel d’Europe en 1809.

Jean-Pierre-Joseph Perre délaisse la profession de cafetier pour créer son premier établissement de fonderie le 24 septembre 1802 (2 vendémiaire an XI), place de la comédie, puis rue Calade en 1807. Selon le rapport de 1819, il fabrique des sonnettes, 4700 à 5000 douzaines de grelots l’an et des objets en fonte dont des battants.

Il possède un autre atelier, adossé au mur derrière le Palais des papes, qui sert à fondre les grosses cloches. Les plus anciennes en place aujourd’hui datent de 1822 (Saint-Hilaire d’Ozillan, 375 kg, Lorgues 90 kg) et 1823 (Aigues-Mortes et Cadenet). Il s’associe en 1827 avec ses fils Etienne (né en 1792) et Joseph-Hippolyte (né en 1798). De cette époque, on ne connait que les cloches de Villecroze (1827), Correns, Lauris (1836).

Joseph-Hippolyte se retire en 1838 pour s’établir à son compte en 1839. Il marque ses cloches JH PERRE D’AVIGNON.

Jean-Pierre-Joseph crée en 1838 avec Etienne, une nouvelle société dans un terrain appelé La Petite hôtesse au quartier du bosquet Saint-Roch, utilisé depuis 1835 à la place de l’atelier du Palais des papes. Mais, ildécède en 1840. Etienne continue seul l’activité jusqu’au 6 juillet 1862. Il est l’auteur d’au moins 34 cloches dont le bourdon de 6300 kg de la cathédrale d’Avignon en 1854 et les 9 cloches de la cathédrale de Mende en 1846 (sources base RECIF de la SFC). Elles portent la marque Perre-Pierron.

Joseph-Hypolitte, seul fondeur survivant de la lignée, est sans doute revenu dans l’entreprise. Il est peut-être l’auteur de la cloche de la chapelle Saint-Arnoux de Seillans dans le Var datée de 1863. Il changera rapidement la production de la fonderie, honorant des contrats d’armement pour le Second Empire qui ne lui seront pas payés après la défaite de 1870. Il est mis en état de faillitte le 31 juillet 1873 et décède en 1877.

Les sonnailles à passant ou à piquet portent la marque PERRE-PIERRON A AVIGNON


François Reynier 

On connait des sonnailles et les grelots marquées REYNIER, REYNIER AVIGNON, F. REYNIER AVIGNON, mais les informations sur la fonderie sont introuvables.

Selon les auteurs, les dates divergent sur la création de la fonderie François Reynier : entre 1853 et 1860. En revanche, la fin de l’activité est bien connue puisque le 14 Mars 1884 Joseph Pierre Gautier s’associe avec Agricol André MONTSERRET pour acheter la fonderie de cuivre REYNIER située 26 rue des teinturiers.


Gautier et Montserret

On connait les sonnailles et les grelots marquées G & M AVIGNON et  GAUTIER AVIGNON. Grâce au travail récent de Norbert Michel, arrière-petit-fils de Joseph Pierre Gautier, nous connaissons mieux l’histoire de cette fonderie et nous pouvons voir ces fondeurs grâce à des photographies qu’il a eu la gentillesse de nous communiquer.

Le 14 mars 1884, Gautier et Montserret rachètent la fonderie Reynier. Au début, la fonderie est située au 26 rue des Teinturiers. Puis on trouve une photo datée de 1892 qui prouve qu’elle a été installée un temps à la maison 4 de chiffre (une des plus anciennes maisons d’Avignon) située à l’angle des rues Guillaume Puy et des teinturiers. Ce monument historique sera la propriété de GAUTIER MONTSERRET de 1888 à 1894. 

Les enfants Gautier naitront là. Plusieurs maisons ont été acquises rue des Teinturiers par la société. Au numéro 49, on peut encore lire l’enseigne : « Ancienne maison F. Reynier, Gautier et Montserret successeurs », ce qui montre la réputation de Reynier dont on se réclame.

L’association avec MONTSERRET cesse à une date inconnue. Joseph Marius Nicolas qu’on appellait GAUTIER, droit d’aînesse oblige, a pris peu à peu la direction derrière Joseph Pierre le père. On le voit sur une photo de 1937. Les cloches et les grelots ne constituent qu’une part minime de la production. Elles sont désormais signées GAUTIER AVIGNON.

L’entreprise survivra difficilement après la guerre. Félix et Henri Gautier la dirigent jusqu’en 1961. Ils fabriquaient peut-être des sonnailles. Le berger Jean Blaye se souvient avoir acheté des cloches d’Avignon dans les années 1950.


Lhermitte

Il existe des clochettes L’HERMITE AVIGNON.

Jean-Pierre Locci date la création de la fonderie vers 1819. Actuellement, nous n’avons aucune connaissance sur l’histoire de cette entreprise.

 

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