Claret à Vallorcine

Les Claret de Vallorcine sont, d’après la tradition orale, les premiers à avoir fabriqué des sonnettes dans la région de Chamonix.
Grâce à Jean-Paul Claret, petit-fils du dernier fabricant, inlassable enquêteur pour réunir l’ensemble des séries de cloches et conservateur de nombreux documents, nous avons pu réaliser cette page. Qu’il en soit profondément remercié ainsi que Frédéric Ogier-Denis qui nous l’a fait rencontrer. Jean-Paul Claret tient à mentionner qu’il a pu constituer ce dossier avec l’aide de sa voisine et petite cousine Dominique Ancey et de son neveu Guy Ancey. 

C’est en Suisse que Jean-Paul Claret a retrouvé les cloches de ses ancêtres. Eleveurs, les Claret vendaient leurs bêtes aux Suisses, mais ceux-ci  négociaient d’emmener la vache avec sa sonnette.


Vincent Claret (1778-1842)

Selon la tradition familiale, vers 1810, Vincent Claret, fils de Vincent Claret « laboureur », travaille au moulin de la Molliettaz comme forgeron. Il signe déjà « Vincent Claret Maréchal ».

Vers 1812-1813, il descend à Bagnes, en Valais, à la forge Oreiller (1750-1945) pour acheter une sonnette à condition de la « voir faire » ! En 1815, d’après le livre de comptes conservé par Jean-Paul Claret, il vend ses premières sonnettes.

On retrouve huit grandeurs de cloches façonnées à chaud dans deux formes en fonte.
La colombette était renforcée par une tige de fer torsadée. Elles ressemblaient aux sonnettes Ribola à Etrouble (Vallée d’Aoste) et à celles de François Oreiller à Villette (Bagne). Elles étaient marquées C.

Vincent Claret décède en 1842. Ses fils Bruno, Joseph Élie et Siméon continuent à forger des sonnettes.


Joseph Elie Claret (1806-1888)

Joseph Élie part quelques années exercer à Paris et revient avec une marque J.E.C VALLORCINES. Il était le chef de famille et tenait un livre de compte en ordre. Dès lors, ils se mettent à numéroter les sonnettes par les chiffres pairs : 2 – 4 – 6 – 8.
Jean-Paul Claret n’en a jamais trouvé avec des chiffres impairs, on n’en saura jamais la raison.


Bruno Claret (1805-1882)
Bruno utilise une marque BC.

Il ne faut pas confondre cette marque avec celle de Gabriel Bonnaventure à Thônes qui signe GB


Siméon Claret (1815-1894)
Elie Claret (1854-1947)


Siméon ne marquait pas ses sonnettes. Son fils Élie en a forgé jusque vers la fin du 19e siècle  et les marquait ELIE C VALLORCINES. « Il était moins adroit que son père et ses oncles, de ce fait elles ont été détrônées par les sonnettes de Chamonix, bien meilleures. » La façon de forger les sonnettes Vallorcine était la même que celle encore pratiquée dans la famille Devouassoux, bronzées dans une housse en métal, sauf que les Vallorcine étaient embouties à gauche et celles de Chamonix à droite.
D’après Gérard Devouassoux, il fallait être gaucher. Mais Jean-Paul Claret (1942) se souvient que lorsqu’il a commencé à manger et à écrire, il le faisait de la main gauche. Le grand-père Élie (1854-1947) était scandalisé : il n’avait jamais vu de gaucher à la maison, car être gaucher, à l’époque, c’était une tare. Le mystère est au cimetière.


Les nouvelles sonnettes CLARET VALLORCINE

Jean-Paul Claret et son neveu Guy Ancey ont voulu, dans un but de conservation du patrimoine, ressusciter les sonnettes qui étaient forgées au moulin de la Molliettaz. Pour cela, ils ont confié la réalisation d’une sonnette N°4 à Constant Rion, forgeron des sonnettes et toupins « Anniviers » à Sierre (Canton du Valais, Suisse).  Mais la méthode de fabrication n’est plus la même qu’autrefois à Vallorcine. Les sonnettes VALLORCINE CLARET sont en vente chez Guy Ancey au bar/tabac/presse à Vallorcine.  

Le moulin de la Molliettaz

Le moulin de la Molliettaz était situé sous le Mollard, entre la rive gauche de l’Eau Noire et la route. Il a été démoli en 1930.

En 1705, les moulins, la forge et la raisse (scierie) appartiennent à une famille Burnet du Siseraz, en 1730 à la famille Semblanet, ensuite à une famille Ancey (Les Mounis) qui en ont hérité des Semblanet.

En 1817, Vincent Claret achète verbalement ¼ du Moulin à Jean-François Ancey. Le 20 février 1837, devant le notaire royal Claude Couttet, il achète les ¾ à Jean-Pierre Ancey, Jean-Louis Ancey et Marie-Josephte Croz pour la somme de 500 livres « Neuves » et divers services.
Il fait tailler un nouveau folon (meule verticale) en granit en dessus du Crot qui est acheminé jusqu’aux moulins sur des rouleaux par la vieille route.

L’ancien folon et sa meule sont poussés dans L’eau Noire (rivière) d’où Jean-Paul l’a retiré avec le concours de Joël Devouassoux. Sur ce folon, il manque les parois verticales qui devaient être en bois. Donné au musée de Barberine, on peut le voir devant l’hôtel « Richemond » à Chamonix.
À Vallorcine, les folons servaient uniquement à écraser les graines de lin pour l’huile.

La fabrique de sonnettes était une activité secondaire, la Molliettaz comportait quatre paires de meules.

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