Le village de Rivel (Aude) était réputé pour ses sonnaillers. On l’appelait « Rivelh de las esquelhas ».
Néanmoins, pour les collectionneurs et quelques éleveurs, le souvenir de la fabrication de ses cloches se limitait à quelques sonneaux marqués « Rives à Rivel » sur une face avec trois têtes de lion, souvent très usées, au revers.
Nous nous sommes rendus à Rivel en août 2014. Nous avons eu la surprise d’apprendre l’existence de deux descendantes et d’un descendant, et le bonheur d’être accueillis d’une manière qu’aucun chercheur, dans ses plus beaux rêves de contacts n’ose espérer. Mimie Rives, fille de Désiré Rives et Madeleine Lê Phat Vinh, petite fille d’Antoine Rives nous ont ouvert leurs maisons et laissé photographier des articles, des factures et des photos ; Jean Calvet, frère de Madeleine, nous a montré l’ancien atelier de son grand-père. Tous ces descendants sont conscients que le travail de leurs ancêtres fait aujourd’hui partie du patrimoine. Dans les entretiens audios, nous avons tenté de conserver la chaleur de l’accueil.
Le musée du Quercorb à Puivert rend hommage aux sonnaillers de Rivel avec la reconstitution d’un atelier et de nombreux objets donnés par les familles.
Le lundi 23 août 1965, « Le Midi Libre » consacrait un excellent article réalisé avec les anciens sonnaillers qui avaient arrêté leur activité en 1953. Malgré l’ancienneté de l’article, ce quotidien a fait retiré sa mise en ligne.
Cette même année, Noël Vaquier et Urbain Gibert publiaient « Rivel (Aude) et ses industries artisanales : les volans et las esquelhas » dans la revue Folklore.
Mimie Rives conserve un exemplaire dédicacé par les auteurs :
Pierre Dantoine, petit-fils d’Antoine Rives a publié dans « Les murmures du Riveilhou, Mon grand-père était esquelher à Rivel » N°22 page 12.
Jean Rifa dans La Semaine du Roussillon N° 730 du 20 au 26 mai 2010 a réalisé « La famille Rives de 1613 à nos jours ».
A travers ces documents, il est difficile de tracer précisément la généalogie des ateliers, d’autant que plusieurs familles Rives, sans lien de parenté, exerçaient la profession d’esquelher (sonnailler). On relève aussi des mariages entre toutes les familles d’esquelhers : Rives, Rolland et Olive.
En 1818, Claude-Joseph Trouvé (baron) dans sa « Description générale et stastistique du département de l’Aude » dit que l’industrie des sonnettes est un genre d’industrie qui appartient exclusivement à Rivel. Les frères Rolland ont toujours été en possession exclusive de fabriquer des clochettes en bronze. Les familles Dilhat et Olive en possession exclusive de fabriquer des cloches en fer. Il semble qu’il faille comprendre par « exclusive », la connaissance du laitonnage des sonnettes, plutôt que le privilège. Il raconte qu’un maréchal-ferrand qui les aurait aidés, aurait saisi le procédé de fabrication et se serait installé à son compte. Il s’agit probablement d’un Rives, mais lequel et de quelle famille ? Plusieurs d’entre-eux exerçaient la profession de maréchal-ferrand.
Il est intéressant de noter que Trouvé appelle le village Rivel de las semals, l’autre activité artisanale de Rivel, les comportes pour la vendange, ce qui démontre qu’à cette époque, cette activité est la plus importante.
L’histoire des ateliers se précise au XXe siècle, grâce à la mémoire des petites-filles. Néanmoins, le Bottin Didot de 1922 indique trois fabricants de sonnettes : Rives (A.), Rives (J.), Rives (L.). A pour Antoine, mais Jean a cessé l’activité en 1911, qui est L ?