Le col de Prat-de-Bouc, au départ des balades qui mènent au sommet du Plomb-du-Cantal, un ancien volcan dont le cratère mesurait 80 km de diamètre, constitue une magnifique zone d’estive avec des éleveurs passionnés de cloches.
Paroles d’éleveurs
Nous avons rencontré Claude Bergaud, sa femme et sa soeur que l’ont peut entendre ici.
Celles qui sont sur les vaches datent de mes parents. Nous on mettait des cloches, moi, j’ai toujours entendu dire ça, la tradition, c’est parce que dans les montagnes quand on les perdait dans le brouillard on entendait les cloches. Les veaux reconnaissent la cloche de leur mère. On ne change pas de cloche pour sevrer comme on fait avec les brebis, peut-être que c’est plus docile les brebis, nous avec la vache c’est pas toujours.
C’est surtout pour les entendre dans le brouillard et puis c’est une passion. Les cloches viennent de mon père, de mon frère qui aimait beaucoup ça. Ça fait plus de cinquante ans parce que mon père allait dans les montagnes il avait 20 ans. Il a arrêté de faire le fromage dans les années 70. Dans le buron il y avait le vacher le valet et le pâtre. Le vacher avait le droit de mettre ses cloches même si les vaches ne lui appartenaient pas. Le vacher salarié récupérait ses cloches à la fin de la saison.
On en avait une grosse suisse qu’on mettait à la plus belle vache, tout l’été, mais à l’étable on les enlève. Maintenant on met des cloches pour le plaisir parce qu’avec les clôtures électriques il n’y a plus besoin de les garder. Je me souviens, mes frères allaient garder les vaches par là-haut. Et ils descendaient de là-haut le midi pour aller manger au buron.
Quand on a une vache, si on lui met cette cloche, l’année d’après on lui met la même. A l’étable on les range et on dit c’est la cloche de telle vache, on peut aussi appeler la cloche du nom de la vache. On avait lâché des vaches à l’estive sans mettre de cloche, trois jours après elles étaient rentrées.
Autrefois, lorsqu’il y avait un deuil dans la famille, on enlevait toutes les cloches. Mais lorsque mon frère est mort, on les a remises aussitôt, parce que les vaches sont tristes sans cloches, elles sont habituées. J’ai été élevé là-dedans et je ne vois pas les vaches sans cloche.
Je me souviens quand on était à Albepierre, à la maison d’à côté il y a un gosse qui est décédé, il avait cinq ans, les vaches étaient dehors, le propriétaire a enlevé toutes les cloches aux vaches, et ce champ touche la maison de mes parents, et bien il fallait voir comment elles étaient tristes ces bêtes ; mais aussi elles le ressentent.
Il n’y a pas de fonderies ici on achetait les cloches sur les foires. Aujourd’hui, il y a des quinqualliers qui en vendent [Devouassoud, Varonne Premana, Obertino, des espagnoles] à Murat, Riom-ès-Montagnes et Saint-Flour.
Les sonneaux marqués Murat étaient destinés au tourisme, et les éleveurs achetaient des cloches destinés au tourisme. Le sonneau marqué Prat de Bouc, c’est mon père qui l’a acheté au magasin de souvenirs. La production était plutôt destinée aux touristes et les bergers se servaient dans les magasins de souvenirs. Ça date de 50 ans.
Comment vous appelez le sonneau là ? nous on appelle ça une cloche, une sonnaille, une sounaille, une casque [la valaisane de Varrone Premana], la Campanne de Devouassoud on dit la sounaille. On en avait une qui avait la forme d’une cloche d’église, on disait « la Suisse ».
Stéphane d’Albepierre
Stéphane met des sonnailles par passion puisque ses vaches, des Holsteins pour faire un excellent Salers non traditionnel sont parquées. Le fromage Salers tradition doit être réalisé avec des vaches salers. Le Salers peut être réalisé avec d’autres vaches, mais uniquement en période d’estive. La dénomination Cantal accepte le lait de toutes les périodes avec toutes les vaches.
Stéphane utilise une grande diversité de cloches. Il pense que les bronzes sont des Obertinos. On remarque aussi une cloche artisanale assez fréquente dans le Cézallier.