Article réalisé en collaboration entre Françoise Barraud, Lionel Dieu, Bruno Muratet et la SFC.
Fils du marchand de cuivre Antoine Chatelet, Joseph Chatelet (chatelé) (1744-1834) est déjà indiqué comme marchand fondeur lorsqu’il se marie en 1767 avec Marie Triadou, fille de Bernard Triadou, fondeur de cloches à Rodez.
Nous connaissons trois enfants.Lorsque Pierre, leur premier fils né en 1771, se marie en 1799, le père du marié est prénommé Jean ce qui entraînera les généalogistes à considérer que Marie Triadou (1742-1817) avait été précédemment mariée au frère de son mari.L’acte de naissance de leur fils Pierre Chatelet, en 1771, démontre que son père est Joseph Chatelet. Il s’agit donc d’une erreur de transcription sur l’acte de mariage de 1799 : Jean Chatelet n’a jamais existé. La famille ne s’en est certainement pas aperçu et il est comique de voir à quel point ça nous occupe 250 ans plus tard. Sur cet acte, Joseph signe Chatelet cadet, son frère Pierre Chatelet (né vers 1729) signe Chatelet ayné.
Les Chatelet étaient des notables et figurent sur de nombreux actes de parrainage. Le fils de Pierre Chatelet (1729-1773), Antoine Chatelet, neveu du fondeur Joseph, avocat au parlement et conseiller du roi, signe Chatelet fils ayné en 1773 et Chatelet fils en 1774. En 1791, sur l’acte de baptême de Joseph Triadou, Joseph signe désormais Chatelet. La signature de Jean Chatelet ne se trouve sur aucun document.
Le 31 juillet 1781, au mariage d’Antoine Chatelet, son neveu, Joseph est toujours indiqué comme fondeur du faubourg de Rodes. En 1799, il habite Toulouse où il décède en 1834.
Joseph Chatelet signe des cloches d’église JOSEPH CHATELET A TOULOUSE entre 1778 et 1806 PUIS CHATELET PERE ET FILS entre 1803 et 1811, probablement avec son fils Pierre Chatelet indiqué comme fondeur en 1820, sur l’acte de mariage de sa fille Marie Josephe Chatelet , document où l’on voit les signatures de Marie Chatelet (Marie Josephe) Chatelet fils (Pierre Chatelet) et Chatélét (Joseph Chatelet). L’entreprise profite largement des guerres napoléoniennes. Elle est reprise en 1820 par le mari de Marie Josephe Chatelet, Jean Nicolas Olin (1795-1857), fils du fondeur de Sedan Jacques Eustache Xavier Olin (vers 1763-1837), sous l’intitulé d’Olin-Chatelet qui a fondu des cloches entre 1851 et 1862 (source SFC), mais n’a pas signé de sonnailles. Il travaille avec son frère Xavier Olin (Jacques Auguste Xavier), né en 1800 qui se marie en 1831 avec Jeanne Costes, nièce du fondeur de Villefranche Pierre Costes. Ils vivent dans la même maison (même adresse).
La production réalisée après le décès de Jean Nicolas Olin, entre 1857 et 1862, est certainement l’oeuvre de son frère Jacques Auguste Xavier Olin. Nicolas et Xavier Olin, malgré une nombreuse descendance, sept enfants pour l’un et six pour l’autre, n’ont eu aucun successeur à la fonderie.
En 1862, Xavier Olin cède l’entreprise à Jules Sylvain Dubois qui signe en 1865 la cloche de Gabre (Ariège) « DUBOIS.J (anciennement OLIN-CHATELET) » (source SFC). L‘entreprise s’intitule « Dubois Jeune et Ce ». Le livre sur l’exposition des beaux arts et de l’industrie à Toulouse en 1865 apporte des informations sur la transmission. Elle est ensuite reprise par Bonnet Frères après 1870. Nous ne connaissons pas les modalités de reprise entre Dubois Jeune et Ce et les Frères Bonnet.
Jules Sylvain Dubois, négociant Parisien
Jules Sylvain Dubois est né à Lizy-sur-Ourcq (Seine et Marne) en 1815. Ses parents sont Louis Jacques Dubois et Julie Choisel. Nous n’avons pas pu trouver d’informations sur ces derniers.
Il a un frère, né en 1796 qui signe Dubois aîné ce qui explique sa signature Dubois Jeune.
Il épouse en 1840 Hortense Sophie Pillet, fille de notables, dont il se séparera avant 1864 (ils sont séparés au mariage de leur fille aînée).
Ils ont trois enfants :
– Louise Estelle qui va épouser en 1864 son oncle maternel, le commissaire priseur Charles Joseph Pillet.
– Augustine Julie Berthe qui épouse en 1866 Léon Sénart, employé au Crédit Foncier.
– Le peintre et officier Albert Dubois-Pillet qui mourra au Puy en Velay en 1890, ce qui nous conduira à espérer trouver une parenté avec les fondeurs du Puy et Rodez. Nous aurions ainsi boucler la boucle, mais les rêves des chercheurs ne deviennent pas toujours réalité.
Jules Sylvain Dubois a été successivement :
– négociant en 1855, associé avec François Lefebvre et André-Gustave Faure, dans un commerce en gros de tissus mérinos et nouveautés. La société se nomme « Dubois Jeune, Lefebvre et Faure »
– successeur d’Olin-Chatelet en 1862
– négociant à Toulouse (mariage de sa fille aînée en 1864)
– fondeur mécanicien (mariage de sa fille cadette en 1866)
– conseiller municipal à Toulouse en 1866
– vice-président, juge du tribunal de commerce de la ville, avant de se consacrer à l’agriculture élégante (sic), puis conseiller général du département.
– Chevalier de la Légion d’Honneur en 1885
Liste des récompenses à l’exposition de Toulouse en 1865 :
Cases, Pourcel et Triadou : page 26
Dubois Jeune : pages 27
Bonnet frères : page 33
Olin Xavier : page 94
Articles sur les participants :
pages 215-216-217 : Olin-Chatelet
pages 277-278 : Bonnet-Frères et Dubois et Ce
page 587 : Albert Dubois Pillet qui concourt en dessin est appelé DUBOIS JEUNE (Albert)
page 908 : on a tous les Dubois
Olin après Chatelet-Olin
L’une des filles de Nicolas Olin et Marie Josephe Chatelet, Augustine Appolonie née en 1834, épouse en 1855 l’ingénieur de la compagnie du midi Charles Philippe Guillaume avec lequel elle aura deux enfants.
Un autre fils du fondeur belge Jacques Eustache Xavier Olin, Babolin Nicolas Ysaïe Olin s’expatrie en Belgique où il crée une fabrique de cartons à Bruxelles puis une papeterie à Virginal.
Il se marie en 1835 avec Barbe Joséphine HUME et quatre enfants naîtront de cette union :
– Xavier Olin (Victor Xavier Olin pour l’état civil) qui deviendra avocat, industriel (associé de l’entreprise Olin et fils), puis ministre des travaux publics en Belgique entre le 6 Août 1882 et le 15 juin 1884.
– Adèle Olin qui épousera l’avocat Edmond Picard , tous deux constitueront une collection d’art reconnue.
– Henri et François Olin qui deviendront collectionneurs, écrivains, critiques d’art.
Les branches Toulousaine et Belge de la famille Olin vont s’unir par un mariage : Xavier Olin épousera, en 1876, la fille de sa cousine Augustine Appolonie, Jeanne (Charlotte Marie) Guillaume, née en 1856 et vivant à Toulouse.
Le couple va vivre en Belgique et donnera naissance à deux enfants, Charles François Xavier et Christine Jeanne Florentine qui épouseront à Toulouse en 1907 et 1908, Paule et Victor Tardy Planechaud, fille et fils d’un propriétaire Toulousain.
Ainsi, une partie de la famille Olin revient à Toulouse au début du vingtième siècle, mais la fonderie a été cédée depuis longtemps à d’autres industriels.